Le Portrait (Episode 2)
Le Portrait (Episode 2)
Entre le réel et l’idéal
L’artiste est tiraillé entre deux tendances : dire strictement le réel ou penser ce qu’il voit et faire de sa pratique non plus un artisanat technique mais un art «la pittura è cosa mentale » ( = la peinture est une chose mentale) disait Léonard de Vinci. Conjonction hasardeuse, semble nous dire Magritte par sa Tentative impossiblede 1928 qui évoque le mythe du sculpteur Pygmalion, amoureux de la statue qu’il a créée et à qui Aphrodite, compatissante, donne la vie.
Les variations qui s’offrent à l’artiste n’ont de bornes que son talent et son imagination.
Le portrait se décline selon les parties du corpsconsidérées : visage seul, buste, plan-taille, portrait en pied, et le nombre de personnages mis en scène : depuis le portrait solitaire, le couple, le portrait de famille ou le portrait de groupe .
La positiondu visage et du corps est diverse : le profil est d’abord le mode obligé puis règne le visage de trois-quarts initié par la peinture flamande. Le superbe portrait de Ginevra de Benci de Léonard de Vinci, peint en 1476 est encore statique, dans la tradition de son maître Verrocchio. Il s’agit sans doute d’une commande de l’ambassadeur de Venise à Florence, amoureux de Ginevra.
Par contre, La belle Ferronnièreest présente un portrait plus dynamique, le visage tourné vers la source delumière [1] (une pointe de blanc dans la pupille donne de l’éclat au regard) qui permet des effets d’ombre intéressants, comme on le voit également dans le portrait de la Dame à l’hermine dont le buste est tourné vers la gauche et le visage vers la droite d’où la source de lumière l’éclaire. Fond également sombre qui met en valeur le visage.
Quelques éléments historiques
L’Antiquité et avant…
25 000 ans avant notre ère, les hommes -ou les femmes- de la préhistoire se représentaient sur les parois des cavernes ou créaient des statueettes à leur image. Ces représenrtations étaient infiniment moins fréquentes que les sscènes animalières ( 90 % de l'ensemble.
Voici quelques exemples caractéristiques ( toutes les dates sont approximatives) :
Sur une paroi de la grotte de Lascaux, un homme à tête d'oiseau est allongé devant un bison. Peut-être est-il blessé.
Le terme ithyphallique quii. el qualifie est utile pour ne pas se faire comprendre des petits enfants: il signifie tout simplementy "en érection". Le dieu grec Priape bénéficie de la même qualité. Evidemment, on ne sait si c'est la présence du bison qui le met dans un tel état. C'est un beau sujet de conversation.
L'adorable Dame de Brassempouy (Landes) a 24000 ans. Sa coiffe (ou sa coiffure) est remarquable. La bouche n'est pas figurée. Le visage porte des marques ( scarifications ou maquillage).
Jolie Vénus de l'abri Pataud ( Les Eyzies. Son ventre montre qu'elle est enceinte. _ 13 000 ans
La Vénus de Willendorf (11cm) présente un type assez courant qui illlustre la fécondité et porte le nom de Vénus stéatopyge (grec steatos, gras; pygé, fesse).
A ne pas confondre avec la Vénus callipyge ( callos; beau). Encore un beau sujet de conversation.
Venons-en à l'essentiel qui intéresse Sapiens, Neandertal, Australopithèque et tous les autres, connus ou encore ignorés.
Le sexe masculin gravé sur une paroi de la grotte de Fronsac mesure 40 cm !.
Pour plus d'informations, voir : hominidés.com
De même, le sexe féminin n'a jamais laissé indiffférents nos ancêtres. Cette vulve périgourdine en témoigne.
Terminons cette belle revue avec l'art mobilier ( qu'on peut déplacer, plus facilement qu'une paroi de caverne). En voici deux spécimens. S'agit-il d'art sacré qu'on vénérait?
Les spécialistes ne finissent pas de s'interroger.
Cerise de 61 cm sur le gâteau, à voir à Paris, au Centre Pompidou, l'oeuvre de C. Brancusi, Princesse X, 1916, qui prouve que les hommes ont toujours autant d'affection pour leur joujou favori.
J'allais oublier ce qui reste quand même le plus troublant : les mains de nos ancêtres posées contre le mur et sur lesquelles on soufflait un mélange de végétaux ou de minéraux broyés soit en crachant sur la main soit en soufflant à l'aide d'une tige qui faissait office de paille.
Les "mains négatives" servent de pochoir. Tandis que les "positives, plus rares ont la paume enduites de colorants.
"Mains négatives : 75 % seraient celles de femmes
Une véritable révolution féministe... les hommes préhistoriques qui laissaient les traces de leurs mains dans les grottes seraient en fait des femmes..." lire la suite sur le site hominidés.com
Main "positive" dans la grotte Chauvet
L'Egypte antique a, aucours des millénaires, créé des portraits ( statues ou fresques) de style très divers, depuis la statue immobile, figée, hiératique jusqu'à des reprsentations plus réalistes.
De gauche à droite: Buste de Nefertiti, d'Akhenaton, son époux, statues de pharaons à Karnak.
On notera la position des personnages: visage de profil, yeux présentés de face, épaules de face, jambe gauche en avant, pieds posés au sol. Le pharaon défunt est debout entre le dieu des embaumeurs Anubis à tête de chacal et la déesse de l'amour, de la musique... Hathor.
Entre la Mésopotamie et l’Egypte, les archéologues ont pu identifier,grâce aux inscriptions, l’intendant Ebih-II, fonctionnaire du royaume de Mari au 3èmemillénaire.
La Crète du deuxième millénaire nous a laissé un portrait qu’on a nommé «La Parisienne» pour son nez retroussé.
A l’époque hellénistique ( depuis les conquêtes d'Alexandre le Grand -IVè s. avant notre ère jusqu'à la conquête romaune du bassin méditerranéen -30 par Rome) , les portraits du Fayoum (Egypte) fascinent encore par la vie qu’ils expriment. Ils étaient posés sur le corps du défunt qui parfoirs s'était fait repésenté dans la plénitude de son âge.
Voir à ce propos l'article L'Individu ( épisode 2) sur midsky.canalblog.com
En Grèce, au IVème s., la superbe courtisane Phryné, maîtresse de Praxitèle donne ses traits et ses formes à la cèlèbre Aphrodite de Cnide - œuvre disparue, dont on n’a que des copies d’époque romaine.
L'oeuvre sera reprise comme modèle pendant des siècles: un nu debout, appuyé sur un rocher, une jarre ou n'importe quoi qui aide à stabiliser l'ensemble, le regard évite la vue frontle et se détourne pudiquement, la main gauche cache le sexe, le plus naturellement qu'il est possible, une jambe est tendue et supporte l'appui, l'autre est demi-pliée. La poitrine et le nombril forment un triangle isocèle indispensable au code de la beauté.Voir, par exemple, La Naissance de Vénus, de Sandro Botticelli, 1485 dont le regard est plus direct et la tête légèrement incliné
.
La Grèce en trois statues :
Une première période, dite archaïque conserve la présentation frontale, les bras le long du corps, et l'hiératisme des staues égyptienne.
La période classique ( Vè s. avant notre ère) présente des statues plus élancées, montre le mouvement et la souplesse donnée à la roche. La statue offre délibérément plusieurs angles de vue. Le modèle du corps est
Enfin, la période héllénistique ( depuis le troisième siècel avant JC) souligne l'expressivité et la violence des sentiments. Les scènes deviennent plus complexes; la frontalité s'efface.
A Rome, les fresques de Pompéi illustrent le goût pour la représentation des visages
et des corps et la maîtrise des artistes romains.
Et le christianisme vint, jetant la malédiction sur le corps méprisable au profit de l’âme qui mérite seule l’intérêt du croyant.
La nouvelle religion se développe d’abord principalement à Rome dans une population nourrie d’images, si bien que sur les premiers sarcophages chrétiens apparaissent, par la force de l’habitude du sculpteur et les stocks à écouler des marchands, ornés de sculptures représentant curieusement Apollon ou d’autres divinités de l’Olympe. Le Christ et les saints sont drapés d’une toge romaine.
Ainsi, dans la nécropole de Saint-Pierre de Rome, se trouve une mosaïque du IIIè ou IVè siècle représentant un Christ solaire qui propose un lien entre les imageries païenne et chrétienne.
Le Moyen-Age puis la Renaissance
Au Moyen-Age, les traits sont simplifiés, la fonction seule est notable par certains détails (vêtements, bijoux, attitude...)
. La vie terrestre n’ayant qu’une importance médiocre, ce n’est que peu à peu, à partir du XIVè s., quand la bourgeoisie en particulier goûtera les plaisirs du quotidien que l’individu aura une valeur et méritera d’être représenté tel qu’il vit ou a vécu.
Les pays protestants du nord de l’Europe qui répugnent à traiter des sujets religieux qui peuvent mener à l’idolâtrie, seront réputés pour leurs portraits simples et vivants, ainsi que pour les scènes de genre qui leur sont liés.
En France, le premier portrait conservé est celui du roi Jean II le Bon peint vers 1360 par un artiste anonyme. Le visage est vu de profil comme le veut la tradition antique telle qu’elle est représentée par les pièces de monnaie Le visage se détache sur un fond uni, doré comme il convient pour un roi. Aucune profondeur ne vient déconcentrer le regard du spectateur. L’ensemble est d’une tonalité chaude contrastant avec le vêtement noir. On note un souci de réalisme : le portrait ne doit pas être éloigné de la réalité.
Les peintres italiens et flamands ont, au XVème s. des manières différentes : les premiers gomment
les défauts et idéalisent le modèle. Piqués par le goût du public pour la sculpture, ils abandonnent le portrait de profil pour des portraits de trois-quarts qui rendent mieux le volume.
Les Flamands sont plus attachés à ce qu’ils voient et peignent les rides, les défauts de la peau, le travail de l’âge…Au fond uni, souvent sombre des Italiens, ils préfèrent un mur troué d’une fenêtre qui laisse voir un paysage qui prendra de plus en plus d’importance pour être le sujet d’un tableau et devenir un genre à part entière.
Célébrissime tableau de Van Eyck, 1434. Double portrait des époux Arnolfini dont le mari, riche marchand entend laisser par cette oeuvre lauisser une trace dans l'histoire de sa famille. La lumière naturelle vient de la gauche ( on retrouve cette manière chez Vermeer). Le couple, richement vêtu à une attitude un peu rigide, mais qui sied au moment solennel du mariage. On a cru que la dame était enceinte, mais la robe a l'amplitude qu'exigeait la mode de l'époque. Le lit nuptial ferme le côté droit, le gauche est ouvert par une fenêtre. Le centre est occupé par un miroir qui ouvre un espace sipplémentaire en dirction du peintre, et du spectateur. Plus bas, un petit chien, symbole ici de fidélité. Les couleurs claires apparaissent à hauteur de la fenêtre qui éclaire les visages pâles de l'époux, de la jeune femme et de sa coiffe blanche. Brun , vert et bleu des vêtements, rouge des draperies donnent vie à la scène.
Les rapports entre dessin et couleurs sont parfois conflictuels: on s'est jadis étripés pour affirmer que l'un était plus important que l'autre. Bien que ce débat soit important pour le portrait, nous l'aborderrond dans un chapitre plus "technique". Voici juste deux exemples :
Le détail du tableau de Rembrandt, 1642, privilégie la couleur et l'impression d'ensemble alors que celui de Van der Weyden, 1460, joue sur la ligne et la minutie du détail.
Léonard de Vinci avait dès la fin du XVème s. dilué les limites du personnage dans le décor par la technique du « sfumato » : les contours sont estompés comme par un effet de fumée (sfumato).
Déjà commencée au XVIIè s, l’évolution mène à des portraits vivants, qui dévoilent des traits de la personnalité.
Les portraits d’apparat ou les portraits officiels des souverains, souvent figés prennent davantage de liberté et de vie. Tel le portrait du pape Paul III entourée de ses petits-fils (il a eu quatre enfants d'une concubine qu'il appréciait).
A gauche, Alexandre (nommé par son papy cardinal à l'âge de quatorze ans ); à droite Octave, marié à la fille de l'empereur Charles-Quint). Une belle famille.
Mais Octave, bon chef de guerre tient le nord de l'Italie, proche de l'Autriche de Charles-Quint et prend des libertés avec son beau-père, qui s'en inquiète auprès de Paul III. Quant au bel Alexandre, il voit s'envoler la promesse de succéder à son grand-père qui doit tenir compte des ambitions des cardinaux français.
D'où un vieil homme assis, coincé entre deux intrigants. Par le regard, Alexandre, raide, se détourne de la scène; Octave, la mine sévère, a les yeux rivés sur pépé comme s'il vouliat l'embrocher; le vieux regarde par-dessus l'épaule du précédent qui se courbe pour baiser le pied du papecomme le veut la coutume. La chaleur familaile est à son comble!
La seul chose qui lie les trois hommes, c'est une belle diagonale depuis le visage d'Alexandre, celui du pape, son épaule, puis la jambe pliée d'Octave.
Le pauvre vieillard partage le rouge avec l'un et le blanc avec l'autre. Ses sentiments avec l'un et l'autre sont-ils aussi partagés?.
Quant à Titien qui a accepté la commande en échange de terres pour son fils, il ne finit pas le tableau ( la mains droite du pape manque), une fois assuré que son petit est bien devenu propriétaire terrien. Une bien belle histoire...
Voir une analyse intéressante ici .
Les portraits de groupe qui montrent des personnages dans leur milieu social plaisent à la bourgeoisie flamande protestante dont l'esprit républicain honore à la fois le travail et l'aisance qu'il peut procurer. Il met en situation les individus qui ne sont plus figés dans une attitude statique.
La Ronde de nuit de Rembrandt est atypique. Elle a été commandée par le chef des arquebusiers municipaux pour orner leur local d'une oeuvre plantureuse de 5m sur 3,87m..
On se demande si Rembrandt a vraiment voulu honorer les dix-huit commanditaire qui ont chacu payer une belle somme pour léguer leurs portraits à la postérité. Rien de martial, de militaire dans cette compagnie censée protéger les citoyens.
La composition donne l'impression d'un désordre où chacun joue une partition maladroite sans se préoccuper de l'ensemble (à l'opposé des portrats de groupe habituels où chaque individu est soigneusement placé dans une attitude immobile qui le magnifie). Par exemple, ce tableau plus classique de Frans Hals :
La pénombre qui ferme le tableau de Rembrandt met en valeur les couleurs et la lumière qui inondent trois personnages : les deux officiers -les seuls à bien jouer leurs rôles- et une jeune fille /femme dont on a pu dire qu'elle représentait Saskia, l'épouse du peintre qui venait de décéder. Grand mystère sur sa présence en ce lieu. Mystère identique sur les raisons qui ont amené les arqubusier payeurs à l'accepter. Incompréhension sur ce poulet mort qui pend à la taille de Saskia.
Les deux siècles suivants poursuivront dans cette voied'une plus grande liberté , d'une mise en situatio des personnages jusqu'à l'éclosion de l'impressionnisme.qui dissout les formes dans la lumière , les chatoiements de la couleur et assure le déclin progressif du portrait.
D’une façon générale, la manière du peintre importe infiniment plus que le sujet même du tableau.
Ainsi, Matisse s’intéresse sans doute plus au jeu des couleurs qu’au visage de son épouse.
Deux mots d'explications: La peinture distigue trois couleurs primaires : rouge; bleu; jaune et trois couleurs secondaires issues du mélange de deux des couleurs primaires: orange; vert; violet.
Les couleurs qui n'ont pas de point commun sont dites complémentaires: jaune et violet; orange et bleu; rouge et vert. Quand elles sont juxtaposées, ces couleurrs se renforcent mutuellement.
Les autres, issues d'un mélange d'éléments juxtaposés présentent des transitions plus douces
Les trois couleurs primaires sont présentes, à des degrés diférents: le rouge, le bleu (cheveux du modèle) ,le jaune sur la joue droite est mélangé à un peu de vert
La lumière semble venir de face, mais d'une façon inégale, si l'on en croit l'arête du nez ou le cercle blanc sur la tempe gauche.
On remarquera par ailleurs le travail de la pâte signalé par la les traces d"un pinceau carré très visibles.
Les Demoiselles d’Avignon de Picasso présente un groupe de prostituées qui s'offrent au rgard. Leurs visages n'expriment aucune émotion -on pense que Picasso s'est inspiré des masques africains- que l'attente ( du spectateur, plutôt que du client).
Les membres sont déformés. La ligne géométrique est recherchée, en pariculier le sein droit du personnage de droite. La tradition de la "draperie mouillée qui dévoilait les formes dans une visée érotique est ironiquement suggérée par quelques lambeaux de draps(?) qui pendouillent.
Le plus érotique de l'ensemble est peut-être dans la nature morte, au centre bas du tableau qui présente une tranche de pastèque, des raisins et un fruit improbable qu'il n'est pas interdit de touver suggestif... et qui pourrait avoir sa place dans l'entrejambe du personnage de droite, curieusement asexué.
Picasso est là et plus rien dans l'imaginaire artistique ne sera comme avant.
Les tableaux de Francis Bacon évoquent à la foies la violence du monde et les tortures intérieures de l'individu. Le portrait est bien non un morceau de la réalité mais le support d'une expression personnelle que les mots ne sauraient dire.
La reprise du tableau de Velazquez (portrait du pape Innocent X) illustre bien sa touche personnelle.
Avec Andy Warhol, une nouvelle étape est franchie: le portrait se propose en reproduction multiple à l'image les pages publicitaires. Le dyptique de Marylin Monroe a été fini peu après son suicide et la partie droite dit bien la tragédie.
Roy Lichenstein part de la bande dessinée -on notera les points innombrbles qui imitent la trame du papier- et l'utilise dans un grand format. La société de consommation des images est ainsi pointée du doigt.
Il est possible que Lichenstein se soit inspiré de dessinateurs de comics. Polémique à lire dans un en anglais qui me dépasse !
Des informations intéressantes à lire ici
Le portrait nous parle de nous: de notre volonté de paraître, d'échapper à la mort, de vivre sous le regard de nos proches. Du pouvoir qui transparaît dans l'attitude, le regard, la main crispée... de notre souci de la beauté, du désir qu'elle fait naître.
Jusqu'au jour, où l'art se détourne de nous et du réel qui est notre enveloppe et construit un monde où nous apparaissons comme des exemples de sa pratique, un monde où nous avons autant d'importance que l'urinoir de Marcel Duchamp.
L'art n'épouse plus la reproduction du monde mais dit profondément ce qu'il est en train de devenir.
1 « La déesse entre ou sort de son bain rituel, posant ou prenant son manteau. Elle fait, selon certains, un geste de pudeur, recouvrant son sexe de la main droite. À moins que, loin de toute inquiétude et de pudeur, calme, elle ne soit « sûre de son invulnérabilité comme de son pouvoir redoutable : la nudité qui fragilise les mortelles accroît au contraire la puissance de la déesse de l'amour » Une puissance accrue par la purification du bain. Le geste de la main reprendrait le geste conventionnel depuis les premières sculptures d'Aphrodite, en Crète au viie siècle, proche de l'image d'Astarté, et devait être regardé « comme un geste qui oriente le regard et désigne la source de sa souveraineté » (Alain Pasquier). Les épaules sont plus étroites, légèrement penchées vers l'avant, la poitrine menue, les genoux plus resserrés, les hanches plus larges, les jambes fuselées que dans les images antérieures. Les chairs sont traitées avec sensualité. Le visage frappe par son ovale très allongé et entièrement régulier. Le front est défini par un triangle, les arcades sourcilières forment un arc de cercle très régulier vers le nez, les yeux sont doux, la bouche petite et sensuelle. La statue, bidimensionnelle, pouvait être observée de face ou de dos. » « <Wikipedia, article Aphrodite de Cnide.