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14 novembre 2019

5 (3) Scène de genre et nature morte

Fontaine_Duchamp, 1917

5 (3) Scène de genre et nature morte

 

 

Le monde silencieux des domestiques est aussi le sujet des scènes de genre. 

 

B.Morisot, La petite servante, 1886

Berthe Morisot appartient au groupe des impressionnistes et est l'une des femmes peintres les plus renommées.

La petite servante est bien dans sa manière habituelle. La touche est large, très expressive et suggère les formes plus qu'elle ne les définit. Comme à son habltude, hormis la partie centrale qui présente le personnage, les entours sont seulement esquissés.

La robe d'un bleu sombre est mise en valeur par la clarté qui vient de la fenêtre et le contraste avec le tablier blanc. Des touches blanches vigoureuses la parsèment d'ilôts de clarté, sans qu'on puisse les justifier par un reflet de lumière. Elles donnent un mouvement au tissu et au corps de la servante.

La fenêtre  ne dévoile presque rien de l'extérieur: comme la jeune fille, le spectateur est enfermé dans l'espace clos du travail domestique.

 

 

 

 

 

 

 

 

Rémy Cogghe, Madame reçoit, 1908

 

Contrairement à Berthe Morisot qui privilégie la couleur et le travail de la pâte, "Madame reçoit", 1908, de Rémy Cogghe révèle sa préférence pour le dessin et le trait. Les deux personnages  dans la lumière ont des vêtements aux tons semblables, blanc et noir, dans un ensemble où la couleur est assez terne.

La scène est pleine d'humour. Le "monsieur" a déposé son chapeau et sa canne avant d'être introduit. La visite doit être pleine de péripéties si on en croit l'attention des domestiques. L'essentiel est absent, masqué par une solide porte. 

Le tableau illustre une attitude commune au XIXème : les maîtres se méfient de la curiosité de leurs domestiques. Comme chacun le sait, "nul n'est un héros pour son valet de chambre"!

(L'origine de la formule vient peut-être des Essais de Montaigne: "« Tel a été miraculeux au monde à qui sa femme et son valet n’ont rien vu seulement de remarquable. Peu d’hommes ont été admirés par leurs domestiques.» (livre III, chapitre 2)

 

 

 

 

 

 

Felix-Vallotton-La-malade-1892

 La Malade, 1892 de Félix Vallotton est une oeuvre qui intrigue. Par le choix du point de vue d'abord: la domestique qui ouvre la porte  est présentée de face, en majesté (1)  tandis que la malade apparaît en profil perdu. Pour cela, la tête du lit fait face au mur et non pas à la source de lumière qui doit venir d'une fenêtre.

Où se situe la scène? maison privée ou clinique ? Dans le premier cas , le mobilier est bien pauvre avec un lit en fer dont le sommier et le matelas ne sont pas recouverts d'un tissu, (le lit en fer est recommandé par les médecins au nom de l'hygiène), une chaise, une table de nuit, un médiocre tapis  et une reproduction punaisée au mur. C'est bien pauvre pour une maison qui a les moyens d'entretenir une servante.

S'agit-il d'une clinique? La porte vitrée permettrait de surveiller les malades et la cloison (armoire ou paravent?) à gauche pourrait séparer cet espace d'une autre alcôve où se trouverait un autre malade tandis que la position du lit se justifierait par la présence, en face, d'un lit dans la même position qui empêche les regards importuns des uns et des autres.

 1 ( J.-D. Nasio signale "l'obsession" de Vallotton pour les portes et les ouvertures, L'inconscient de Vallotton, Musée d'Orsay, 2013)

 

Coquineries

 

Jean-Honoré_Fragonard, Le Verrou 1777

Avec Le Verrou, 1777, Fragonard nous offre une scène érotique étonnante qui doit

Fragonard_1775_adoration_des_bergers_Louvre

servir de pendant à L'adoration des bergers,qu'il a peinte en 1775. Le marquis de Véri avait accepté le sujet proposé par le peintre. La tradition connaît bien ce genre d'opposition entre l'amour sacré et l'amour profane.

Elle est ici particulièrement tranchée.

Le Verrou est divisée en deux par une diagonale de lumière que souligne le bras du jeune homme et qui aboutit sur la pomme de la table basse. La pomme, fruit du péché, comme d'habitude.

Pour la suite, je cède volontiers la place à Daniel Arasse et à son analyse subtile et pleine d'humour. 

Fragonard, peintre libertin : voir La Gimblette et Les Hasards heureux de l'escarpolette...

 

Nourriture et nature morte

Pieter Claesz Nature morte, huitres et gobelet, 1642

Pieter+Claesz, Nature morte aux huitres et gobelet

Claesz est un maître de la lumière qui donne à chaque objet sa forme et sa texture. Les ombres même participent à l'expression des volumes. La lumière s'intègre comme objet dans le verre qui reflète les fenêtres, ou "rebondit" du gobelet en métal sur la base de la coupe.

Les formes rondes abondent dans l'éclairage comme dans le second plan. Le couteau, placé au bord de la table, le plateau qui le déborde en partie sont d'un usage fréquent: ils indiquent la profondeur et peuvent, selon leur importance, donner le point d'entrée dans la lecture de l'oeuvre. L'écorce du citron participe du même projet. Les couleurs sont souvent monochromes chez Claesz: les tonalités vives du sachet, du citron et de la boule de pain ponctuent le tableau et donne un certain ordre à l'amoncellement présenté. 

 

 

 

 

 

Claes Odenbourg, Pastry case, 1962

Passons lestement par-dessus les siècles pour constater que, si la peinture n'est plus un support privilégié, la nature morte reste un genre que ne néglige pas l'art contemporain.

Ainsi Claes Oldenburg, Pastry case, 1962 est un ensemble de sculptures (assiettes,  plats, coupes, gâteaux divers)  en plâtre, métal ou céramique présentées  dans une vitrine d'environ 50cmx 75cm sur  40cm de haut. L'oeuvre illustre bien le goût du pop art pour la mise en scène des objets du quotidien et le questionnement  de la société de consommation.

 

 

Warhol

 

 Andy Warhol est l'un des fondateurs du pop art.

Campbell's Soup Cans, 1962 souvent appelée 32 boîtes de soupe Campbell, est composée de trente-deux toiles peintes, mesurant chacune 50,8x40,6 cm , et représentant chacune une boite de conserve de soupe Campbell– une de chaque variété de soupe en conserve proposée par la marque à cette époque. Les peintures individuelles ont été fabriquées avec un procédé sérigraphique semi-mécanique, dans un style non pictural. (<Wikipedia)

 

 

Wim Delvoye, Sol en marbre, 1999 

Wim Delvoye Marble floor

"Non, le spectateur ne rêve pas, il s’agit bien de morceaux de charcuterie, savamment coupés et agencés, composant ici un faux parterre en marbre. Encore une fois, Wim Delvoye confronte deux univers impossibles : le marbre dans cette illusion de mosaïque, culturellement le plus noble des matériaux de sculpture ou d’architecture et qui a fait accéder l’humanité à l’éternité et au beau, à la cochonnaille, dans toute sa trivialité et sa consommation populaire...

Le minéral contre l’animal, l’éternel contre le putrescible et l’éphémère, le rare et le coûteux contre le vulgaire et le commun, autant d’incompatibilités qui interrogent et déstabilisent, devant pourtant une évidence, celle de l’efficacité et la réussite de cette savoureuse illusion.

Qui a dit que le marbre était froid et austère...?" ( L'oeuvre du mois, Académie de Bordeaux).

 

 

Fontaine_Duchamp, 1917

 

Marcel_Duchamp,_roue_de_byciclette,_1913_)

 

Marcel Duchamp est l'un des grands précurseurs de ce bouleversement qui ébranle la création artistique. 

Fontaine, 1913 ( primitivement, un urinoir) et la Roue de bicyclette sont des objets du commerce exposés tels quels ou à peine retouchés et qui, par cette exposition même, acquièrent le statut d'oeuvre d'art.

Les "ready made" de Duchamp (littéralement "prêt à l'emploi") affirment la suprématie du geste de l'artiste, de sa volonté, indépendamment de tout critère esthétique, de toute référence à une tradition artistique. A prendre ou à laisser !

 

 

 

 

 

Piero_Manzoni_-_Merda_D'artista_(1961)_-_ 

Pierro Manzoni, Merde d'artiste, 1961

"L'œuvre de Piero Manzoni réalisée en 1961 se compose de 90 boites de conserve cylindriques en métal (4,8 × 6 cm), hermétiquement fermées, qui contiennent les excréments de l'artiste, étiquetées, numérotées et signées.   Manzoni avait initialement fixé le prix de ces boîtes de 30 grammes d'excréments à celui de 30 grammes d'or au cours du jour. 

Le 16 octobre 2015 une boîte a été adjugée pour 182 500 £ (soit environ 202 980 ) lors d'une vente aux enchères chez Christie's à Londres.

Malheureusement, les boîtes fuient dégageant une odeur qui ne laisse pas de doutes sur le contenu.

Le commissaire-priseur affirme que ces pertes font  partie de la "nature de l’œuvre" et que "cela ne change rien à leur valeur. C'est-à-dire que l’œuvre devient "performance": l'objet évolue".(<Wikipedia)

Pour une analyse plus complète de la performance, cliquer ici.

 

Et la nature morte, si humble dans la hiérarchie des genres, devint le symbole du séisme qui frappait l'ancestrale tradition des Beaux-Arts !

 

 

 

 

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